La Toile ou le "World Wide Web" a été
conçu, au départ, par son principal créateur Tim
Bernard-Lee, lui-même, homme de sciences, comme un outil de communication
entre scientifiques.
Paradoxalement, alors que l'écrasante majorité
des journaux "Grand Public" est d'accès gratuit sur la Toile,
les journaux scientifiques sont restés d'accès
électronique payant, surtout dans le domaine de la Chimie. C'est d'autant
plus paradoxal que les auteurs scientifiques ne touchent pas de droits d
'auteurs, que les experts (reviewers) et que les éditeurs scientifiques
ne sont pas rémunérés. Les abonnements
aux journaux académiques sont d'un coût très
élevé, et sans cesse croissants. On comprend que les versions
papiers doivent être payantes, on comprend mal pourquoi les versions
électroniques le sont. Il est tout à fait anormal que
l'Edition Scientifique soit devenue un "business" aussi lucratif sous la coupe de
maisons d'Edition comme Elsevier qui manifestement abusent de la
naïveté des chercheurs.
Il est navrant que des sociétés
scientifiques comme l'ACS, a priori sans but lucratif, ait maintenu une
exploitation commerciale de leurs publications et ait adopté pour
la publication électronique une politique très rigide.
L'AIP a adopté une politique beaucoup plus souple, car elle permet
une consultation sur l'ensemble d'un site, du moment que la
bibliothèque du site a souscrit un abonnement. L'existence de journaux
scientifiques payants ralentit considérablement la diffusion de la
connaissance, car les hyperliens, caractéristique fondamentale de la toile,
sont interdits dans les bibliographies. Les auteurs, qui ont
cédé leurs droits, n'ont même plus le droit de reproduire leurs
propres articles. La loi américaine autorise la copie non
commerciale à des fins scientifiques et éducatives,
la loi française ne l'autorise même pas...
L'existence de journaux scientifiques payants
maintient le "fossé numérique" avec les pays du tiers monde,
ce qui est injuste et scandaleux, si l'on considère que la recherche
est financée par des fonds publics ou sur des fonds privés
à
but non lucratif.
La mise en oeuvre de journaux électroniques
gratuits est devenue une réalité par la prise en main du
processus éditorial par les chercheurs eux-mêmes. Dr Shu-Kun Li,
à la tête de la fondation suisse "Molecular Diversity
Preservation International" à but non lucratif, a lancé
dè
;s 1996, le Journal "Molecules".
On peut considérer le journal "Mo
lecules" comme une success story,
avec pratiquement le triplement du volume des contributions,
dans l'année 2000. Ce développement est à
contraster avec "Molecules Online" un journal payant de Springer Verlag,
qui est issu d'une "scission" d'avec le Journal "Molecules" originel,
et qui a du arrêter en 1999. L 'advisory board
du journal "Molecules" comprends 3 prix Nobel. De nombreux journaux
online provisoirement gratuits ont été lancés par
divers éditeurs. Dès qu'ils sont devenus payants,
leurs succès a baissé considérablement.
Le journal "Entropy" semble suivre le même schéma
de développement que "Molecules" depuis sa
création en 1999. Son editorial board comprends 2 prix Nobel.
L "International Journal of Molecular Sciences" ou "IJMS"
vient d'être lancé, en bénéficiant de la
synergie des 2 autres publications. Son advisory board comprends
2 prix Nobel.
En tant qu'Editor Assistant, nouvellement
nommé auprès de ces 3 revues, Francis Muguet,
chercheur-enseignant de l'ENSTA, est en train de promouvoir une politique
de mise en place de miroirs du site de la revue. Le mirroring devrait
faciliter l'accès aux revues. C'est un atout majeur que ne peuvent pas
évidemment proposer les revues scientifiques payantes. Un miroir existe
déjà à l'ENSTA : http://mirror.ensta.fr/mdpi, ainsi
que http://mirror.ensta.fr/molecules http://mirror.ensta.fr/entropy et ht
tp://mirror.ensta.fr/ijms. Laurent El Kaim, directeur du MRC/LRP est devenu
un des éditeurs nationaux du journal "Molecules".
Il reste cependant un obstacle pour asseoir le
concept de cyberjournaux scientifiques gratuits, face aux grands journaux
payants. Il faut assurer la présence des nouvelles revues dans les
bibliothèques. Les bibliothécaires veulent des imprimés
qu'ils puissent conserver, il semble donc maintenant opportun de
produire une version papier à l'usage des bibliothèques,
pour consolider les succès actuels des versions online et
asseoir définitivement leurs notoriétés.
La version imprimée sera bien sur être payante,
mais dans la tradition d'une impression scientifique authentique.
D'autre part, il est nécessaire de pourvoir répondre aux
demandes de reprints de la part de
certains auteurs.
L'ENSTA grâce à la présence d'
une imprimerie largement amortie peut contribuer à fournir une
version imprimée à un coût nettement inférieur au
coût prohibitif éditeurs comme Springer-Verlag ou Elsevier.
Le prix de vente suggéré est HT et hors frais de port, il doit
permettre d'assurer un bénéfice décent à
l'ENSTA. Le but principal de cette opération n'est cependant pas
d'assurer des revenus à l'imprimerie de l'ENSTA. Grâce à
cette opération de soutien à l'impression de revues scientifiques,
elle participe à la mission d'information scientifique qui
lui est impartie dans ses statuts. Elle permet de soutenir les efforts
scientifiques de ses chercheurs, et permet d'accroître la
notoriété de l'Ecole tant dans le secteur de la Chimie, que dans
le domaine des Nouvelles Technologies de l'Information.
La fondation MDPI autorise et
approuve une collaboration avec l'ENSTA en vue de produire une version
papier de ses journaux.
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